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Blog créé le 26/08/2009

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 VESUNA - REVUE LITTERAIRE
 &   ARTISTIQUE

 DU PATRIMOINE PERIGORD-DORDOGNE
&   D'AILLEURS  !  


 


Une Revue placée sous le signe de "TUTELA VESUNA", une déesse poliade fille d'Esus, grand charpentier de l'univers gaulois, elle-même divinité des eaux et forêts......




Dallemand : BAUDELAIRE ou la folie esthétique



Première conférence disponible : L'EGREGOR (l'apprentisage au XI° siècle en confréries).
Deuxième conférence disponible : TALLEYRAND OU LE GENIE DIALECTIQUE.
Deuxième conférence disponible :

BAUDELAIRE OU LA FOLIE ESTHETIQUE  : paru en librairie (à commander à la Librairie Montaigne de Bergerac .....Librairie MARBOT à Périgueux.....




L'actualité :  .

Peter Hodges, fameux traducteur de Boris Vian et auteur...... nous présente :  "Le Journal de Papa"...à lire dans nos colonnes.
Autres auteurs élus en Octobre 2017 qui ont été reçus à l'Académie en Juin 2018 :

Georges LABROUSSE......Historien des guerres mondiales....Fauteuil Cinq.
Peter HODGES - auteur Australien (et aussi traducteur de Boris Vian). Fauteuil Six.



PARU : "L'Après-midi d'un fauve", précédé de :
"Journal de choses"....Copyright J.J Dallemand

En cours de rédaction : "La Galerie des bois" - Traité de grammaire ornementale.

Mémoires d'un rat de librairie de Périgueux....Vingt auteurs lus et commentés par un ex-adolescent entre 15 et 17 ans....Actuellement en séance d'enregistrement radiophonique......
.
"Magdala et tous les chats du Colisée" -
Pour le théâtre......en hommage à Giuletta MASINA et au Maestro Federico FELLINI.......Une pièce à 7 personnages inspirés par les inoubliables interprètes : Magali NOEL, égérie de FELLINI...Marcello MASTROIANNI.......

"La cuisine des anges"...
















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NEPTUNE JE TE HAIS

 23/03/2017

                    NEPTUNE ; JE TE HAIS

Je te hais O Seigneur, j'abhorre ton écume
Je brise ton trident. Dans ton fief d'abondance
Je te crie "Sois maudit"! Ta gloire consume
Nos coeurs. Ton forfait, tes crimes, ta lourde arrogance

Ton Palais si doré, tes cornes, tes délits
Tout ton sac sent la mort. Le Breton Guyomar'ch
Et le Basque Martin plus jamais d'Italie
D'escales ne verront, ni les lions de Saint-Marc.

Ni Lannion, ni Redon. Que demain un Monet
Au pinceau nous rende "Eurydice", Toi Constable
Donne vie au bateau Galatée nouveau-né,
Alors oui, orphelins et veuves à table

Ensemble nous dirons O combien nos douleurs
ici
De naguère, de jadis, non enfouies sous vagues
Chaque nuit galèrent, hautes et claires, sans tuteur.
A sonner les couleurs ; livrez-nous aux algues.
nous aussi.

J.J. Dallemand

Ex-QM1 0564.........
Doyen de l'Académie des Sciences, des Beaux-Arts et des Belles-Lettres du Périgord-Limousin
15 Octobre 2016).



Copyrightjeanjacquesdallemand
éditionsmarinespoésies
                                                   Extrait du recueil Sentiments océaniques

TABLEAU SIGNE TURNER

Texte dédié à tous les Equipages embarqués. 




MAILLOL SCULPTEUR

 22/03/2017
La Galerie Virtuelle VESUNA présente :

         MAILLOL Grand-prêtre de la Beauté féminine
Admirable lorsqu'il célèbre la beauté du corps féminin sur des variations infinies avec une ingénuité inépuisable ; corps fragiles et délicats ou bien femmes massives de son Roussillon natal aux courbes abondantes...

Pour  symboliser l'Eternel Printemps , ce sont les gracieuses jeunes filles de l'Ile de France qu'il mettra en scène pour l'éternité.


CARINA

 01/03/2017
CARINA

Extrait de Carina et ses chats paru en 1993
Roman-Poésies...... 
Recueil : la librairie des châtaignes




AVVERTIMENTO




Ne nous mosquons plus
de l'Isle âme du poète
même si Emma omet
d'endiguer le flot
berbère.



Et si mesdames beuveries
se saoulent d'ennui


Et si mesdames se  détestent   
parce qu'elles ne sèment plus,
un jour viendra
où elles mettront les voiles
sous une bouteille
de Beyche
velles.          



Jean-jacques Dallemand

copyrightDallemand "Carina et ses chats" (Editions I.E.).      



FONT de GAUME

 08/02/2017
Un joyau de l'art pariétal  (-1500O ans) à visiter sur la commune des Eyzies de Tayac (en Périgord).....

Font de Gaume et ses fameux bisons polychromes.....
Clichés : JJDallemand 



A MON FRERE REVENANT D'ITALIE..........
Un texte issu de poésies nouvelles, signé Alfred, destiné à son frère Paul.....


                                  Ainsi, mon cher, tu t'en reviens
                                  Du pays dont je me souviens
                                  Comme d'un rêve,
                                  De ces beaux lieux où l'oranger
                                  Naquit pour nous dédommager
                                  Du péché d'Eve.

Suivent 31 strophes que nous vous invitons à découvrir dans votre anthologie de la poésie !  Vous avez le bonjour d'Alfred !


LA MER A BOIRE

 18/01/2017
Chant de Marine dédié à l'Ecole des Mousses.
Pour les Equipages actuels en mer depuis le 1er Janvier 2017.
En souvenir de Michel de Saint-Pierre......
La Mer à boire






De Brest à Santiago, à l'Ecole de l'ardeur
Sur frégates et vaisseaux, paré pour les couleurs !                    (Soliste)

Cols bleus et pompons rouges : Voici l'Ecole des Mousses
Mariés de l'Océan, les mousses que le vent pousse.                           (Choeur)

Je suis content de toi                                                          (Pistard)
Dit le Fusco Cinq-doigts ....                                              (Soliste)
                                                                                            

Eh Oh mon matelot
Navigue'ra sur les flots.                                                    (Choeur)

Tu n'es qu'un petit mousse
A la jolie frimousse .                                                          (Pistard)

Je suis un jeune arpette
J'étale comme une carpette ...                                         (Choeur)

Je suis un petit bleu
Et j'ai pas froid aux yeux !                                             (Pistard)

Oh oh oh oh oh oh !                                                          Choeur
Tu n'es qu'un simple mec
Au matricule pas sec .                                                                        

Mais Chef vl'à dix étés                                                    Pistard
Je suis sorti Breveté ! !

Chef vous dormez !                                                          Choeur
Chef vous rêviez    !
J'ai la bannette au carré
La jugulaire bridée .            

De quoi de quoi mon pote
j'tenvoie à la pelote.
Si t's vieux loup de mer,
Moi j'suis l'roi dl'a terre !                                              Pistard


Si j'rate la P'romo
J'aurai droit aux gros mots.
Celui qui lâche le sac
Aura droit au Zérac (1)                                                   Choeur

Pour un hamac j'ai quitté père et mère                       Soliste
Pour un zérac j'irai jusqu'en enfer,                              &
Capitaine d'Armes j'veux pas vous décevoir
Capitaine d'Armes, c'est pas la mer à boire !            Choeur          
                                                                                         


Pirates et corsaires !
Novices beaux et fiers !
Vous voici partenaires !
Engagés volontaires.
Parés pour l'inspection,
Parés pour les couleurs !                                                L'Ensemble


(1) Zérac : Quart de minuit à quatre heures.




Copyright : Jean-jacques Dallemand
dallemand.jean-jacques@orange.fr

Ex-matricule 0564.Ecole des Fourriers/Rochefort
Reproduction sur médias marine interdite sans autorisation de l'auteur. 



Le 19° siècle Russe

 03/01/2017
Ce mois-ci : Pouchkine !


A partir de la passion pour l'écriture, à partir de cette source de tout désir esthétique où l'intuition et la pensée ne font plus qu'un, nous voyons naître le roman russe moderne dès que Pouchkine nous livre sa dame de Pique.

A inclure, si ce n'est déjà fait, dans votre Panthéon ! 



Une fable policière

 29/12/2016
"Meurtre à Francheville"

Une fable policière où les personnages -presque issus du réel- n'ont pas vraiment de mobiles mais plutôt des motifs...... 

Meurtre à Francheville
(Un témoin à l'index)

 

 

Ce n'était au fond rien d'autre qu'une espèce d' homme dans un corps de femme, une variété de créature dispensée de cervelle par la nature parfois injuste, privée de pénis évidemment, et puis, comme il ne suffit pas, ce serait trop facile, de ressembler au pire des hommes pour devenir un modèle de vertu, donc demeurer une vraie femme sans plâtrage superflu, sans coiffure de poulpe ni démarche de casoar, ainsi était-elle guidée par une inclination naturelle vers la paresse... Son itinéraire : enclencher le mode coulant, tout-terrain, sourire niais, bottée comme un gardien de chèvres, exhibant en toutes circonstances une fausse décontraction semblable à celle que toutes les filles, garçons manqués, sans féminité mais tout de même féministes à tout crin, affichent en marque volontaire de puissance.

Vivant à la fois une chose et son contraire ; vélléité de s'inscrire dans l'histoire conformiste de la ville le dimanche et s'en affranchir le lundi par caprice de femme-sandwich, incarnant de face et de profil sa propre publicité dédiée à l'exigence du phallus pour toutes..L'essentiel de sa philosophie tenait sur un ticket d'autobus, n'espérant rien moins que d' imposer à l'humanité tout entière, si possible le genre neutre, un genre très affecté qu'elle semblait tenir en grande estime.
Depuis Agnès Sorel et Ava Gardner, il n'y avait pas eu, sauf dans son imagination, une telle beauté comparable à la sienne sur la terre. Le plus magnifique nuage de printemps ne la portait pas, le meilleur des couturiers n'était pas digne de l'implorer, bref, une de ces personnalités décoratives, bien banalisée à l'extrême limite de l'imbécillité , un spécimen que l'on pourrait qualifier de clown malgré soi, tout comme certains clowns sont par nature machiavéliques ou politiciens malgré eux, tandis que d'autres orientent leur avenir en direction du métier de plombier malgré tout, parce que leur vocation de chirurgien-dentiste fut trop tôt contrariée.

De loin, la beauté physique, c'est quelque chose d'impitoyable, mais de près, et entièrement refaite sous le bistouri, parfois ce n'est rien, dès lors que le cerveau est posé sur la table du salon. D'emblée, elle avoua n'admirer que ces chanteurs du samedi soir encombrant les écrans, fausses idoles mais grands experts en guimauve dont la ridicule pilosité soigneusement mal rasée, dit le degré d' inculture à un point que l'on ne peut imaginer si toutefois la faculté d'imaginer, dès la naissance, leur avait été octroyée sous forme d'avantage en option. La môme loufoque, Moi-Je, vous balançait à tout vent sa fameuse devise : "S'il fallait réfléchir à tout" ! sentence qui en disait long sur son programme d'intérêt dans la vie. Mise à part la dédicace d'Arthur le télévisuel- virus dont la parenté avec Rimbaud n'est pas sujette à caution, elle n'avait visiblement pas retenu dix lignes de poésie depuis sa sortie du cours élémentaire première année. Or cette môme loufoque, malgré ses jérémiades perpétuelles et l'effroyable litanie de ses griefs à l'égard de l'homme en général, paraissait en bonne santé physique, mais en apparence seulement, parce qu'au fond, s'il y avait un fond, elle méritait en somme le grand prix de l'archétype de sa génération. A force, à force, trop d'anesthésies à répétition, trop de chirurgie prétendue réputée esthétique, trop de nuits blanches, .....et si Dieu avait existé, il n'avait pas manifestement encore trouvé le temps d'examiner ce que quelques années plus tard, l'Ecole de Police de Saint-Cyr Mont d'Or qualifia de cas unique en son genre.


Il est neuf heures quinze, madame, je vous mets en garde à vue sur Commission rogatoire de monsieur le Juge Rassis. Veuillez vous asseoir, vous avez droit à la visite d'un médecin, à l'assistance d'un avocat. Vous pouvez garder le silence......

La môme loufoque, plus connue à la ville sous l'aimable sobriquet de "mouchamerde", surtout dans le milieu de la nuit bordelaise, ne broncha pas. Seul son affreux caniche nain gronda, me lançant un oeil torve de djihadiste-né ennemi à la fois de l'intelligence et de la Police française réunies. Cette femelle caniche n'avait jamais dû déterrer la moindre truffe de sa vie sur le sol sacré du Périgord et me le faisait savoir sans avoir recours au biais d'un interprète bilingue Français-Chien-chien. Je la voyais bien incendiaire de niche à deux ans, rebelle à quatre ans et désormais irrécupérable.... Si j'avais pu inventer une sourate explosive déguisée en gentil biscuit, je devenais lauréat palmé au concours Lépine de l'année en cours. Mais non, l'éblouissement ne me vint pas, la fibre créative m'abandonna lâchement. Il fallut me résoudre au passage à l'acte administratif afin que la procédure entamée suive son cours.

- Inspecteur-chef Paillet ? roucoula t-elle ?
- Je vous préviens, j'ai horreur que l'on m'appelle Commandant, Monsieur suffira.
- Monsieur ! soit.
- Je vous écoute, j'aimerais entendre votre version des faits. Vous ne portez pas de lunettes ?
- Rarement Monsieur. alors voilà, je venais de garer mon Duster BMW dans le souterrain du parking Francheville lorsque j'ai entendu des gémissements....j'ai cru apercevoir un homme, à terre.....
- Petit, grand, corpulent, genre play-boy ? brise-coeur ou notaire en examen d'urine ?
- Plutôt athlétique, très proportionné....
- Hum-hum....
- Ah ça oui ! et je m'y connais, et puis ma petite Heidi a jappé toute tremblante, un rien la contrarie.....

- Heidi ? votre caniche s'appelle Heidi ?
- Ben oui : pourquoi ?
- C'est le prénom de la nièce du Chancelier Hitler, vous le saviez ?
- Ah ! un Chancelier ? ben moi, la chance... pas trop ces temps-ci, alors, je suis sortie en courant comme une..... Elle se reprit..... comme un lapin, disons un lapin de garonne....
- De garenne, le lapin, de garenne, d'après vous, il est mort ?
- Qui ça ? le Chancelier ?
- L'homme à terre ! dans le souterrain !
- Ben oui, peut-être, j'sais pas au juste.....
- Vous n'avez pas eu l'idée d'appeler les secours , le 18, vous savez, les pompiers !
- Les pompiers ? Mais y'avait pas le feu !
- Les sauveteurs à casquette rouge, ça vous dit quelque chose ?
- Casquette rouge ? j'avais pas remarqué.
- Bon, vous êtes la dernière personne ayant vu cet homme, pour moi, vous êtes à-minima témoin, forcément témoin. Je vais poursuivre mes investigations, donnez-moi votre téléphone portable, on va prendre vos empreintes, préparez votre index droit dans la foulée....


Extrait du premier procès-verbal :

"Mon mari me faisait dormir dans le grenier, il me battait, me trompait avec sa secrétaire, me donnait des coups de pied, comme ça, sans raison, et je tombais du lit, ça le faisait rire aux éclats. j'en avais parlé avec mon gynécologue parce que j'ai avorté, évidemment, j'avais déjà deux filles, dans ces conditions, vous savez, seule pour élever trois enfants, parce que c'est bien triste une femme seule qui dort dans un grenier, sans jamais recevoir la visite des beaux-parents qui, au passage, critiquaient sans arrêt ma façon de préparer les foies-gras en novembre.....et je passe sous silence sa façon de me tordre l'index de la main droite, pour satisfaire ses horribles manies de pervers.".....
- Revenons-en aux faits.
- Mon mari, Eric Marcheix est très copain, enfin quand je dis Marcheix, mon ex-mari donc, c'est un intime du Contrôleur général de la Police, votre Patron ! eh oui !!!! ça vous en bouche un coin ! Monsieur !
- Je vois, je vois, vous voulez pas un game-boy ou un accordéon par hasard ? rien que pour vous déboucher les neurones ? figurez-vous que ça tombe bien, moi, j'ai un frère qui habite Rome, très copain avec votre futur Patron au Vatican, le faiseur de miracles, à mon avis, vous n'allez pas tarder à prier Saint-Antoine, vous me suivez ? (Cette stratégie de la savonnette orchestrée par la môme Cadum commençait à me chauffer les oreilles). "Dans votre position, le Pape ne serait pas de trop pour vous fournir un alibi convenable et crédible". Piquée au vif, parce que toute position ne relevant pas du Kama-Soutra, semblait la déstabiliser, elle pointa soudain l'index de la main droite le long du front et d'un coup sec rejeta une mèche invisible vers les hauteurs du visage. Du pur Mary Poppins dans le texte.


- Je sens que je vais tomber en déprime....
- En quoi ?
- En déprime ! on voit que vous n'êtes pas une femme ! c'est juste avant la dépression, c'est moins grave, si...ah ben si ! j'croyais que la Police engageait des psychologues....vous me la copierez !
- Ne vous gênez pas pour moi.... je veux des réponses nettes et sans bavures, en attendant de réviser votre Kama-Soutra et votre dictionnaire de psychologie au plus vite, que faisiez-vous à vingt-deux heures quarante sous le parking Francheville ?

- Je garais mon Duster.
- Et puis ?
- Je partais en boîte de nuit.
- Quelle boîte ?
- J'allais au Lotus, chez Momo l'herboriste.
- Hum-hum. Le Momo, c'est plus un casier qu'il a chez nous, c'est une encyclopédie. Connaissiez-vous ce journaliste étendu sur le sol ?
- Pas plus que ça !
- C'est à-dire ?
- Ben, je lis pas les journaux...donc....
- Je m'en doute....Gardien ? redescendez madame au frigo, on reprendra à quatorze heures. Sandwich aux nouilles ?
- J'mange pas à midi.
- Je m'en doutais aussi.

 

On essuie toujours le même refrain, confrontés avec ce genre de nana sexagénaire qui se la joue pin-up entre-deux mers, pin-up cassoulet en chasse perpétuelle pendue aux basques, (et aux aquitains, girondins ou périgourdins) lorsque l'occasion se présente, bon maquignon en connaissance marchande, sachant estimer le prix d'une vache ou d'un individu et non la valeur d'une personnalité. Elles sont intimes avec le soi-disant Popaul qui connaît Jojo qui couche avec Mado, belle-soeur de Machin-Truc. Ici, à la Boîte, on s'en fout royalement. Sauf que, d'habitude chaque vendredi soir en été, celle-ci devait s'étaler en goguette sur le Bassin en compagnie de ses potes motards, en pleine marrade telle une dinde, le rire starter éclatant à la moindre vanne illuminant le ciel des cabanes de l'Herbe. Menue telle un pinson des piccadis, elle bouffe néanmoins comme quatre chasseurs du Médoc, d'après Joël D...... Jamais d'huîtres, mais du poisson et du meilleur, un mètre quatre-vingt-huit pour quarante-sept kilos, je me demande où elle le met. En principe, elle aurait dû rejoindre ses filles au Ferret, étant donné que sa résidence à Château-Lévêque était bouclée depuis le jeudi soir. Nous savions déjà que le Prix Nobel de chimie devait être décerné à l'ex-journaliste Alain Bérard (le seul en France à fabriquer des bonbons pour adultes, sans sucre et sans colorants) , une petite invention bien de chez nous qui suscite une ribambelle de jalousies morbides....mais qui pourrait amplement justifier l'intérêt témoigné par le jury du Nobel à son égard depuis des lustres. Lui aussi..... que mijotait-il à cette heure-ci dans ce souterrain bourré de caméras sans menottes ( encore une exception française), ceci dit, aucun criminologue n'a encore établi de statistiques précises à propos du procédé menottes/caméra jumelées)... Et là, mettre les pinces à un malfaisant, là, ça nous aurait bien rendu service. Va falloir appeler le Juge Rassis pour l'informer du déroulement de mon enquête, si toutefois il n'est pas sur scène au Palio en train de jouer au guignol.

- Alors ma bonne Jean-Louise ? ça donne quoi côté fréquentations ? (depuis l'autorisation d'identité neutre, entre nous, cool Raoul) fini les sous-entendus rigolards, du sérieux dans le taf, plus de bla-bla, du résultat, malgré le poids de la fatigue dû aux trois cents heures de Rtt que Paris nous sucrait allégrement....Un de ces jours, braves gens, faudra pas s'étonner si on pose le brassard au pied des marches du Capitole. Nous, on veut bien se surpasser, mais à condition toutefois que les élus du peuple cessent enfin de privilégier la parole du voyou en niant la parole du flic...
- Son portable a parlé, j'ai relevé quatre appels sur la borne Montaigne entre vingt heures et vingt-deux heures trente, te voici les fadettes.
- ????
- Son psychiatre !
- Montaigne ? Périgueux ?
- Exact !
- Y dit quoi le rabbin des cerveaux de pin-up ?
- Il lui donne rendez-vous à l'endroit habituel cet après-midi à quinze heures, dernier SMS, pour les autres appels, banal, rien à en tirer, la couturière, la masseuse, la vétérinaire, la maquilleuse, manque la coiffeuse......
- Bon, tu vas me convoquer le lascar pour demain matin huit heures, tu l'affoles pas, parle-lui de radar grillé, et pour la môme Cadum, qu'elle sonne son avocat, je la reprends après mon sandwich au canard.

 

- Jean-Louise, monte au quatrième, demande au Directeur les clés de sa bagnole perso, prends Nadin avec toi (autre collègue au genre neutre qui naguère répondait au prénom de Nadine)...Allez plutôt me cueillir le lascar au saut du lit.....
- Asseyez-vous docteur, je vous en prie. Nom, prénom, profession....
- Braustein Léon, médecin-psychiatre en cabinet et à l'Ephad.....
- Connaissez-vous madame Ophélie Marcheix ?
- Elle est ma patiente depuis six ans.
- Diagnostic ? névrose d'abandon peut-être ? "taedium vitaë" ? ou simple spleen Baudelairien ?
- Secret médical. Je suis au regret.
- Quelle est la nature de vos relations, au juste, mis à part le divan et l'horizontal associés ?
- Comprends pas !
- Hum-hum...donc divan, c'est bien ce que je dis, divan et canapé, bonne thérapie de base. Madame Récamier a dû vous inspirer.... Vous l'appelez souvent entre deux séances de confession ?
- Ma foi.....
- Combien de fois ? vous voulez jouer au petit Lacanien, relecteur humoristique du papy Freud ? c'est ça ?
- Du tout, du tout.... Puis-je savoir à quel titre vous m'avez convoqué Monsieur ?
- Au titre d'OPJ qui enquête sur un drame récent. Enquête préliminaire, j'interroge les quatre cercles dans l'entourage fréquenté par madame Marcheix, la routine, sans plus. Faudra changer non seulement votre adresse sur la carte grise mais aussi vos répliques quand je vous interroge Monsieur !
- Je vous prie de m'excuser, puis-je aller me laver les mains ?
- Encore ! ça fait la troisième fois depuis cinq minutes ! décidément....J'ai la peste ou quoi ? allez, faites, faites, laissez la porte ouverte, Jean-Louise, accompagne monsieur.

Je n'avais pas affaire à un psychiatre bien ordinaire....l'homme avait déjà fait l'objet de multiples condamnations, multi-récidiviste mais toujours frais comme un gardon.....usage de faux, faux certificats, faux diplômes, faux cursus aux USA, bref, ce mec en poste depuis huit ans s'était payé le luxe d'expédier en taule plusieurs pères de famille parfaitement innocents et quelques flics soupçonnés de magouilles présumées, sans que l'Administration ni le Conseil de l'Ordre n'aient pu le démasquer. Plus fort que Majax, et le comble, un faux blaze bien entendu. En réalité, José Ramirez Della Luna y Sanchez, catalan espagnol naturalisé lors d'un court séjour à Gradignan (par faveur spéciale signée de la main de.......) voyez qui....... Niveau d'études, infirmier spécialisé en soins esthétiques durant sa période au Club trois Etoiles des flots bleus, interné trois fois à Barcelone, reconverti en professeur maître de conférences à Dakar, puis en poste à Périgueux, sur recommandation du président....(voyez qui)....... A l'issue de nos vérifications, aucune concordance entre ses empreintes figurant sur les quatre passeports (Espagne, Israël, Malte et Turquie)....En revanche, bien connu sur notre fichier Canonge . Ce Josélito m'intéressait au plus haut point.
- Monsieur Ramirez : je vous soupçonne de meurtre sur la personne d'Alain Bérard, ne niez pas. Reste le mobile, expliquez-vous.
- Je ne nie pas. C'est bien moi l'assassin.
- Racontez-moi l'affaire en détail s'il vous plaît. Le magistrat ne se contentera pas de simples aveux.
- Je ne voulais en aucun cas que cet ancien journaliste hérite du prix Nobel de chimie, j'aurais préféré mon propre candidat. J'ai prémédité ce meurtre. J'avoue.

- Tsst, Tsttt.....c'était qui votre candidat ?
- Bernard-Henry Levide
- Il n'est pas chimiste !
- Il n'est pas écrivain non plus, mais, réflexion faite il est assez bon chimiste. Quand on est capable de transformer des idées débiles en sucreries humanitaires, faut le faire, non ? y'a en bien qui gobent......je voulais le pistonner......j'envisageais de me surpasser.....
- Se rendre esclave du surpassement n'est pas suffisant monsieur l'humoriste, réfléchissez-bien....nous savons que vous étiez à proximité des lieux du drame, certes, mais encore ? c'est net, escroc aux assurances sociales d'accord, mais de là à éliminer sans états d'âme....le mobile que vous me servez ne me convient pas, vous mentez mal monsieur Ramirez. Je vous ai piégé avec ces petites notions de vocabulaire, notamment quand j'ai dit "taedium vitae", puis spleen, ce sont deux termes identiques ayant varié selon les époques, j'aurais pu tout aussi bien associer en deux temps deux termes analogues : "acedia" et mélancolie, ah ! mon cher monsieur ! dommage pour vous d'ignorer si superbement l'histoire et la chronologie; le grand Charles Baudelaire il est vrai reste intraduisible en Catalan. Avec mes regrets, mais pour le meurtre, pas question, donc, je vous libère, allez vous coucher, vous avez la fièvre....Ne quittez pas la ville toutefois. Je peux encore avoir besoin de vos lumières...
.
- Vous m'offrez un verre d'eau monsieur l'Inspecteur ?
- Une seconde, on vous le porte, restez assise, ne vous décoiffez pas. Saviez-vous que votre prétendu médecin n'était qu'un imposteur ?
- Comment ? que me dites-vous là ? mais c'était un Freudien convaincu !-
- C'est bien ce que je dis. Mais pas moi madame ! Qui plus est, ni Freudien ni psychiatre le Gus !
- Il roulait en BMW, villa sur le Bassin, chartreuse dans le Médoc, deux hectares de Saint-Estèphe.....
- Vos bijoux de chez Cartier, c'est lui aussi ?
- Hum-hum, on projetait de se marier à Saint-Augustin !
- D'après vous, quel aurait été son mobile justifiant qu'il assassine de sang-froid ?
- Ah bon ! il a tué qui ?
- Vous vous croyez où là ? à Stars académie peut-être ? ou bien chez Ruquier ? vous avez pondu un CD électro-magnétique ?
- Je ne chante pas M'sieu ! J'suis pas Josélito.....

Ophéliediote, c'est le cas de le dire...
.

Il est vrai que cette môme Cadum possédait une diction assez bien travaillée, un physique avantageux, deux incisives de lapin et quelques atouts non négligeables placés aux bons endroits, mais en revanche, pour ce qui concerne le quotient intellectuel, je me pris à émettre en une cascade muette toute une série de judicieuses réserves. En premier lieu, cette attirance pour le Freudisme de Grande surface me paraissait bien insolite, sachant que ce clown à la jolie frimousse n'avait guère qu'une centaine de mots disponibles dans son arsenal de vocabulaire à portée de langue. Des mots sans aucune charge émotionnelle ni signification, aucun humour, pas d'intellect et pas d'esprit du tout. Le tout sur un support à base d'onomatopées du style : "Yahoo", "cool" et "Lol". Une sorte d'idiome...essentiellement primaire.

Après moult vérifications, il s'avéra que la Miss ignorait totalement, non seulement la nationalité réelle de l'imposteur, car si on lui disait "Yddish" elle approuvait tout aussi bien. Aucune notion de la géographie. Bien entendu, ce fut le même topo pour papy Sigmund qu'elle qualifia d'Alsacien ! Sa connaissance du sujet psychanalyse se limitait à l'achat d'un condensé, traînant, on ne sait pourquoi, sur les rayons du Monoprix, entre la gondole des outils ménagers et le rayon des carottes râpées sous cellophane. D'après moi, un authentique analyste avait dû le jeter ayant déjà chez lui du papier toilette de bonne qualité. Ce qui prouverait que le bonhomme Sigmund n'est pas à mettre entre toutes les mains, et si, d'aventure j'avais envie de me fâcher définitivement avec mon meilleur ami, il est certain que je lui offrirai les "Trois essais sur la théorie sexuelle", et je garderai Adler pour mon usage personnel. En réponse à la question : "Pourquoi Freud à la poubelle" ? je réponds : "Réfléchissez, allez-donc méditer sous les colonnades du Louvre"....
En résumé, son Ramirez "était dans le médical", il roulait carrosse, elle aussi. L'homme était un pervers, elle aussi, et polymorphe, de la pire espèce....Broum-broum Toto... L'amour des belles carrosseries, les meilleures tables, le Bassin sacré en week-end, les devantures scintillantes...."Il fait quoi ton mec" ? "Il est dans le médical" ! C'est dire à quel point les ingénues du vingt- et-unième siècle ressemblent à s'y méprendre aux naïves du siècle précédent....Ce sont parfois les mêmes, en pire.
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- Il a avoué Monsieur l'Inspecteur ? souffla-t-elle,
- Oui, bien sûr !
- Incroyable, lui ! j'aurais jamais crû...jamais, mais que vais-je devenir seule dans la vie.... soupira-t-elle, enfin, comme dit Michel Cadiot, le créateur du bien-manger, je ferai comme tout le monde...je volerai......
- Vous ne serez pas à la rue, il vous laisse quelques babioles, vous les revendrez en vide-grenier, ou mieux encore, vous travaillerez, vous vendrez des cravates sur le marché Saint-Michel....qui sait....
- Ah oui, mais quand même, ça me fiche un coup, mettez-vous à ma place...
- Ah Madame ! Je n'y tiens pas, il y a entre nous, comment dirais-je ; une sorte de fossé temporel......
- Un véritable chameau ! me faire ça, à moi ! moi qui me débrouillait si bien...quel salaud ! Oh, et puis je m'ennuyais tellement en compagnie de ce sale type...un alcoolique, un violent, pire que mon ex-mari...qui pourtant.... C'est terrible cet ennui Monsieur l'Inspecteur...Oh, je sens que je vais m'ennuyer cent fois plus....Je peux vous appeler Gaston ?
- Je sais, j'ai un prénom à la con. Un officier à la PJ qui traîne Gaston....mes amis m'appellent Mike, ne vous fatiguez pas, et d'une, je pourrais être votre fils, et de deux, je suis gay.
- Vous ? aucun tatouage, pas de percing, rien ! ça alors !
- Comme vous dites ! j'envisage bientôt mon coming-out, j'attends que le ministre de la Justice règle mon cas pour l'opération.
- Ouah ! chébran : Lol ! génial ! vous ferez du spectacle ?
- J'en fais déjà, sous le pseudonyme de Coccinelle, mais je serais probablement nommé au tableau pour l'Ecole de Commissaire, grâce à mon pote le juge Rassis, initié depuis pas mal de temps à l'art de la scène et de l'avancement dans la carrière grâce à ses talents de transformiste, patiemment acquis à la sueur de son front chez Michou.
- J'ai ma fille, justement, elle s'y connaît, un gros relationnel dans le milieu.....n'hésitez pas.....entre nous, je peux le dire maintenant, ce salaud attirait les mineures et pratiquait le massage "french touch" tous les mercredis après le catéchisme...j'avais oublié.....
- Cannabis à gogo ?
- Ben oui ! pour un imposteur, ça la fout mal ......Figurez-vous, une femme seule livrée à l'ennui, le démoniaque ennui....j'essaie de lire, ça ne marche pas, au bout de dix lignes, paf ! Tenez pas plus tard que le mois dernier, on devait se retrouver à Saint-Emilion, eh bien, vous ne me croiriez pas, pas de restaurant, pas d'invitation ! quel radin, avec tout ce qu'il a volé à la Sécu....J'en suis toute retournée !

-
- Jamais de croisière en vue ?
- Pensez-donc ! une semaine à Montpon sur l'isle, à l'auberge des Trois canards et basta ! tu parles d'une lune de miel !
- On a vérifié, votre Gus n'était pas atteint par le syndrome du quarante-cinquième parallèle, c'est déjà ça.....Je n'en dirais pas autant de tout un chacun.....parmi ses véritables confrères....
-???????
- Je vous expliquerai plus tard.
- C'est contagieux ?
- Non non, du tout, c'est pas de l'herpès de boîte de nuit.
- Vous me donneriez des leçons de psychologie ? La voilà qui tentait spontanément de surmonter le poids de ses instincts, mais sans succès...
- Hélas, pris par mes fonctions et le music-hall...bref....
- il m'avait monté une cabane !
- Une cabale....
- Hein ? quoi ?
Son seuil d'attention était au maximum de ses possibilités à l'issue de cinq minutes d'échanges. Elle se mit à bailler sans retenue ; Sa mine de fille sotte par vocation et non par nécessité ayant l'habitude de lire aux toilettes ne me disait rien qui vaille. J'abrégeais.
- Ce sera tout pour l'instant, on devait vous garder quarante-huit heures, mais puisque il a avoué ?....Je vous libère, vous pouvez rentrer chez vous. Bonne journée Madame.

Le dimanche matin, vers neuf heures, je fus réveillé en sursaut. Au bout du fil, le légiste m'apprenait que l'autopsie du caniche venait de révéler que la petite Heidi venait de succomber à un empoisonnement. Les analyses sont formelles. Alain Bérard, lui aussi est victime, on a retrouvé des traces dues à l'absorption de cyanure sous forme de bonbon à la tapenade truffée, or, s'il y a bien un type de bonbons que ne distribuait jamais l'ex journaliste, c'était bien celui-ci, puisqu'il les fabriquait en un procédé expérimental, non encore commercialisé...Conclusion.....


La môme Cadum est en pleurs : la mort d'un petit chien, c'est pas marrant, mais s'entendre accuser du meurtre d'un journaliste adepte de la truffe et de la chimie à ses heures l'est encore moins, et pourtant.....

- Je suis Robert Rassis, juge d'Instruction, Madame, je vous mets en examen et en détention provisoire dès ce soir à la maison d'arrêt de Limoges. Je vous accuse de meurtre avec préméditation, quant à Monsieur Ramirez nous verrons plus tard ce que nous lui réservons concernant ses fausses déclarations.
- J'ai pas de mobile ! mis à part mon O6, c'est pas moi, j'sais pas qui c'est mais c'est pas moi M'sieu, je peux rentrer chez moi si j'vous dit tout ?
- Si si, vous en avez un ! et de taille, ou plutôt vous avez ce que l'on appelle un motif d'agir !
- Faux ! pas de mobile, pas de preuves, pas d'aveux, vous n'avez rien, dossier vide ! Na. J'veux sortir ! C'est de la calomnie ! une enquête de tapettes ! ah ! elle est belle la pouliche !
- Police, pas pouliche, si vous n'y voyez pas d'inconvénient majeur. Rasseyez-vous.
- Moi, je m'ennuie, je m'ennuie tellement ici, c'est triste, c'est sale, beurk !

Je fis entrer les quatre amies de la môme Cadum, en rang d'oignon.

- Votre couturière a fourni le sac contenant les bonbons à la tapenade de truffes, une recette signée Michel Cadiot en réalité, elle vous a dénoncé, on en tiendra compte....la masseuse vous a décontracté les omoplates cinq minutes avant le passage à l'acte, la vétérinaire a concocté la tapenade, quant à la maquilleuse, je ne vous apprends pas avec quel talent elle vous a grimé en sorcière d'Halloween. Nous tenons les aveux, et votre A.D.N. sur les emballages, chacune vous charge tour à tour, vous êtes l'instigatrice, quand à votre Gus à l'heure du crime il subissait sa piqûre quotidienne de viagra. Et voilà le travail ! L'ex journaliste vous avait donné rendez-vous au parking souterrain de Francheville, vous deviez lui fournir le nom d'un autre candidat au prix Nobel de chimie, un concurrent potentiel, (information lâchée imprudemment sur l'oreiller par votre Gus énamouré)..... Vous avez tenté Alain Bérard, en lui offrant un bonbon contre la promesse d'un scoop. L'ancien journaliste, gourmand comme pas deux n'a pas résisté, une fois n'est pas coutume, bêtement, il a accepté. Vous le savez, sous nos cieux aquitains, une offrande à la truffe sacrée ne se refuse jamais..vous l'avez tenté, vous l'avez défié .En somme, la plupart du temps, les gens tuent soit par vengeance, parfois par démence, ou par prudence, ou par appât du gain, rien de tout ceci vous concernant. Il est vrai qu'il n'y a pas de mobile clairement établi, toutefois, avec les aveux de vos quatre complices....l'affaire est dans le sac. Il vous fallait de l'aventure pour casser votre routine, c'est réussi ! En vingt ans de carrière, je n'ai jamais vu un tel cas ! pas de mobile ! Vous êtes vraiment un cas unique dans les annales ! L'acte gratuit ! la rencontre criminelle à égale distance entre l'esthétique, la gourmandise et l'ennui pathologique....

- Je n'avoue rien, rien du tout, je nie en bloc. Je dis seulement que je m'ennuie dans la vie Monsieur le Juge, oui ça, je l'avoue, mais pour le reste, c'est niet. J'étais un jouet dans les mains de ce névropathe, j'étais un meuble à tiroirs...une faible femme suspendue à ses désirs...je ne pouvais rien lui refuser.....
- Il est hors de cause. Un homme abonné au Viagra est un homme qui a des projets érotiques immédiats et qui, je vous l'accorde, vit au-dessus de sa libido ; mais qu'importe, en résumé, la pulsion érotique n'est pas à confondre avec la pulsion de mort, chère madame. Impossible. Ne mélangeons pas Eros et Thanatos par pitié !
- Connais pas ces deux types, qu'est-ce qu'ils ont comme marque de voiture ?
- Laissez tomber....
- Je ne savais pas que ces bonbons étaient gavés au cyanure !
- Au cyanure ? eh oui, vous le dites. Vous refusez de signer votre déposition ? Bon, écoutez, Maître Boudin-Mollard plaidera la folie, ça vous fera des vacances et un petit passage sur Antenne 2. En attendant les Assises, je vous place en détention provisoire, c'est l'exception, mais là, ce sera la procédure. Gardiens ! menottes !
Un mobile qui n'en est pas un....tout de même....L'ennui est votre motif et reste l'unique motif, bien entendu, ce motif ne figure pas dans le Code pénal....Neuf-mille neuf-cent- quatre-vingt-dix-neuf femmes en Aquitaine ont subi l'ennui ce mois-ci, certes, mais est-ce au fond une raison suffisante pour empoisonner son prochain ? Je vous le demande ? Ah ! au fait, chère madame ! voyez-vous, le syndrome du quarante-cinquième parallèle, eh bien vous en êtes la titulaire du trimestre ! Félicitations.
Tout à fait entre nous, on a toujours le choix entre la chute et l'élévation; votre choix fut celui de la paresse, le refus de l'effort... assumez-le....parce que je vous le dis en confidence, l'ennui est une prison sans barreaux dont on ne s'évade jamais.
 

Copyright /Jean-jacques Dallemand

 

 

 




La folie Baudelaire !

 14/12/2016
Sous le regard de Charles BAUDELAIRE (Suite et fin de l'étude).
Qui parmi nous n'est pas un "homo duplex" ?

 Je veux parler de ceux dont l'esprit a été dès l'enfance "touched with pensiveness" ; toujours double, action et intention, rêve et réalité ; toujours l'un nuisant à l'autre, l'un usurpant la part de l'autre.....


Deuxième texte sur le thème de l'angoisse du Temps (daté de 1855) :

L'Ennemi
 

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé cà et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'on creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles dont je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

Ô douleur! ô douleur Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie.
                         
                                         C.Baudelaire

Voici le troisième texte sur l'éminente préoccupation de Charles Baudelaire à propos de l'angoisse du Temps....un texte que nous vous suggérons (si ce n'est déjà fait) de découvrir à nouveau ......

 

 

 

 

L'Horloge

Dieu sinistre, effrayant, impassible.
Dont le doigt nous menace et nous dit : Souviens-toi!
Les vibrantes douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible......

Reportez-vous à vos manuels de poésie !!!

                                           §§§
 

Pour l'essentiel de son analyse, en total désaccord avec René Laforgue (1) parce que freudien convaincu et tout aussi opposé sur le thème choisi identique quasiment en tous points par Jean-Paul Sartre, marxiste convaincu, qui dans son ouvrage en oublie jusqu'aux fondements de sa philosophie existentialiste pour parvenir aux mêmes conclusions que Laforgue, décretant "l'échec de Baudelaire" !
Qu'il nous soit permis ici de réfuter ces points de vue freudo-marxistes, développements peut-être savants en leur temps mais totalement dépassés aujourd'hui parce que la vocation de Baudelaire ne peut à elle seule se résumer par la faible explication d'un prétendu "complexe d'Oedipe".

(1) "L'échec de Baudelaire par René Laforgue -paru en 1931-

Le pauvre Oedipe, à l'heure qu'il est, doit être bien embarrassé de figurer malgré lui au creux des préoccupations de Baudelaire, en supposant que le rôle de la mère tant aimée si cruellement absente ait jamais gâché les nuits de son illustre rejeton seul dans sa soupente. Sauf erreur de notre part, aucun texte de la correspondance ne vient justifier un quelconque aveu marquant son désir d'entrer en sa chère mère, davantage qu'il n'est décemment autorisé.
Faute de preuves accablant le poète, renvoyons Oedipe dans le lit de Jocaste, Freud sur son divan cousu d'or, René Laforgue réviser ses notes et Sartre se laver les mains....(si toutefois nous le craignons, il n'est pas trop tard)....."Homme libre, toujours tu chériras la mer"......(et non pas la mère).....

Voyage au bout de l'ennui, car le maléfique ennui est un autre terme convenant à la définition de ce qu'il est évident de qualifier de "spleen". C'est au poète d'immortaliser le terme "spleen", tandis qu'aucun des mousquetaires audacieux de la récupération que nous venons d'évoquer n'a semble t-il compris que Baudelaire n'avait pas d'autre ambition que la sienne, hors tout système idéologique, à savoir, vivre viscéralement son ennui , et poétiser son quotidien.

Là où sa lucidité extrême amplifie la conscience aigüe de son orgueil, là où le chantre de l'ennui créateur compose, là est l'essentiel de son paysage intérieur.
L'ennui est aussi une jouissance, la jouissance est une science..La science du poète....Charles Baudelaire, jusqu'à son dernier souffle, est investi par la jouissance de l'immortel ennui.

A toi, poète dont nous entendons demeurer l'humble et fidèle élève.

fIN DE L'ARTICLE :


                     Charles et le sensorium 
Textes étudiés : Une charogne - Remords posthumes - Le mort joyeux - Le voyage à Cythère.

 

Dernier chapitre : LE SENSORIUM BAUDELAIRIEN

Là où siègent sa perception d'une double conscience et d'une double vue, là où la noirceur contrarie les beaux sentiments, c'est ici que traqué par le mal-vivre, le verbe s'accomplissant (le sensorium) succédera au déchet.

Miné par la détestation de la chair, denrée éminemment périssable, poursuivi par l'impérieuse obligation de léguer un esprit durant son passage sur terre, l'homme-poète, l'homme-esprit au corps détérioré se meut au sein d'une recherche alchimique dans laquelle le déchet doit être absous..si possible surmonté, et tant mieux pour nous....pauvres humains qui après lui vivons..
.
Ne pas réussir à rendre la chair immortelle n'est pas en soi un échec tant que le sensorium d'un Michel-Ange, d'un Pouchkine, d'un Nietzsche -d'un Baudelaire en l'occurrence- peut se transmettre sans que la chair n'ait été forcément indispensable et ne soit seule l'artisan de ce miraculeux ouvrage nommé sensorium.

Bien que nous n'ayons encore jamais vu un esprit vivre et survivre de la sorte à un corps déchu, sauf dans ce cas précis des damnés de la chair, où la hantise continuelle de la déchéance et son aboutissement, la mort, n'ôte rien au sensorium, parce que le sensorium a la capacité de traverser les apparences, les corps en souffrance, les corps déchus, corps détruits ou déments, il faut se rendre à l'évidence :

C'est ici le paradoxe de la déchéance physique prouvant que la décomposition (et son sentiment corollaire la hantise) n'est en soi qu'une absurdité,tout juste bonne à susciter de la douleur prédominante chez l'humain, alors qu'elle ne supprime pas le maintien perpétuel de l'esprit à travers le Temps. la chair est triste, soit....et l'esprit....

L'esprit, rendons-lui cet hommage, ne réclame que son dû.

Copyright : Jean-jacques Dallemand
14 Décembre 2016 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





                             




Toujours présent !

Sous le regard de Charles Baudelaire
Un esprit fort et divin.....

Première partie de l'étude signée JJDallemand

 


Et si chaque poète était après tout un oracle? et visionnaire bien davantage, une sorte de héros de la pensée, à l'égal d'un fou, un interprète de nos rêves, un fou, oui, mais un fou capable de réconcilier l'homme avec lui-même, à la seule condition, toutefois, s'il en est capable, de mettre son coeur à nu.

Charles Baudelaire est un porte-parole du spleen, un messager des hommes méconnus, un messager des trésors de l'âme issus du mal de vivre et de l'enfance perdue et des grandes passions dont on ne guérit jamais. Son art de vivre pour le rêve, son engagement au sein de l'univers invisible d'où l'on puise le savoir, sa religion au service du Beau, son amour de la connaissance nous le rend familier par ce qu'il dit un monde infernal, bien que non encore soumis au règne impitoyable de l'ardoise magique (1).

Son enfer, base de l'esthétique Baudelairienne est aussi le nôtre, son imaginaire du mal inévitable, ses passions contagieuses pourtant ne se nourissent que dans l'observation d'un réel en permanence détourné de son sens...une banale chevelure ou quelques palmiers, une démarche probablement sensuelle, bref, du réel, du réel tout de même propice à percevoir comme l'on entendrait, tel un spectateur, une simple anecdote racontée au coin d'un boulevard, sans que l'on y soit particulièrement attentif.

Entre deux façades d'immeubles, entre une plage mauricienne et un rideau de verdure exotique, la brutale gravité d'un quelconque lieu transporte Charles vers son long voyage duquel il entrevoit la future décomposition de ces espaces livrés à eux-mêmes, et cette association de l'anecdote, du lieu, des espaces privés d'originalité, soudain, le prennent au coeur.
La brutale dictature du Temps qu'il fait en son coeur provoque aux tréfonds de son âme maladive la hantise de la déchéance. Alors, déjà, les façades lépreuses des immeubles sur les boulevards parisiens s'effondrent, tandis qu'au pied d'une mansarde Nerval poète met un terme à sa pénible existence, (2) déjà, plus tôt, mais plus loin que ce Paris enfumé, les palmiers s'étaient enflammés et la belle chevelure tant désirée n'est plus que modeste ivresse d'un minuscule souvenir, mais en revanche, jamais l'art poétique n'abolira l'inexorable mouvement du Temps.

Les poètes sont le peuple le plus singulier de la terre parce que leur imaginaire est une sorte de mur des lamentations, un mur qui suinte jour et nuit de pathétiques appels à l'effort d'élucider des pensées jaillissantes, et s'il suffisait de recevoir les pensées pour que les choses se réalisent telles que les poètes l'envisagent, ils ne vivraient jamais dans le malentendu, base de leur souffrance, alors, ce mur infranchissable qui chaque instant de l'existence misérable s'épaissit sans relâche condamne l'innocent au labeur incessant.

Traduire en mots la souffrance d'être enchaîné au pied du mur, traduire en français, en phrases musicales, l'impérieuse nécessité de concevoir son propre et invisible univers suppose qu'un sourde lutte intérieure se livre combat sans que pour autant un texte vainqueur n'aboutisse.
Ce n'est pas seulement le Temps vécu par le passant vaquant à ses occupations, c'est un Temps de poète mêlant à la fois ce qui exige d'être composé mais qui porte sa propre contradiction, une chose et son contraire confondus dans un même jet diabolique sortant du mur. Les mots, à peine éclos, portent leur charge cruelle de décomposition et aussitôt font place nette à leurs petits frères avides d'exister dans ce grand maelstrom d'éternel retour.

Hélas, l'avidité, dans l'imaginaire, n'a point de synonyme. La chaîne de l'avidité enfante sans retenue ni barrières, ni honte, ni culpabilité d'aucune sorte. L'avidité de la création n'a même pas l'intelligence de chaque petite fleur au milieu d'un champ, elle ne soucie pas d'engendrer dans un ordre, car la logique serait sans doute un élément trop facile que le grand architecte de l'univers baptiserait ciment de ses murs. Or, que ce soit pour le Pont du Gard ou pour la poésie, la recette du ciment n'est pas à la portée du premier homme bien intentionné.

Mais au fait? Qui distribue les intentions? quel est le concepteur expédiant au misérable et philosophe rimeur l'impérieuse obligation de traduire son mal de vivre? Où est-il celui-ci? N'a t-il , par hasard, rien de mieux à faire qu'à désorganiser les consciences endormies par le progrès civilisateur et les ardoises magiques? Où se cache ce grand ordonnateur fabricant d'esprits forts? Où est donc l'usine? en quel espace? Peut-être Boulevard de l'angoisse ? là-haut, tout là-haut? dans un là-haut diabolique probablement....

Le Temps du poète est aussi un mystère et comme tout mystère (3) n'existe que par rapport à l'idée que l'on s'en fait. Tiraillé entre le regret de la joie de l'enfance perdue et la création poétique de l'adulte -qu'il tente d'être parfois- création indispensable au quotidien, dans sa prison "machine à rêves", Charles Baudelaire sème les fleurs du mal qu'aujourd'hui nous récoltons.

(1) L'ordinateur
(2) Nerval pendu
(3) Voir "Eloge du pays Vesunien) de JJDallemand

FIN DU PROLOGUE/CONFERENCE...

Avant d'être le Baudelaire que nous connaissons si mal, il y a Charles, l'enfant Charles, Charles le maudit, puis enfin Baudelaire, le philosophe du pessimisme, le tragédien, (le Tragos-Oïdos/Bouc émissaire), puis le bourreau de lui-même (L'Héhautontimorouménos), rôle dans lequel sa douleur permanente (sa chienne) s'incarnera jusqu'à son dernier jour sur cette terre, lui qui fut tout au long le veuf inconsolable d'une existence en parenthèse.
Sa douleur permanente étant le produit de la discipline qu'il s'inflige, martyrisant sans cesse sa conscience, et sa vie, dira plus tard René Laforgue (cf. L'Echec de Baudelaire), n'est que l'histoire de cet échec. Ne partageant pas l'analyse de René Laforgue, je dirais plutôt qu'il ne s'agit pas d'un échec parce que Baudelaire, loin des niaiseries du promeneur solitaire, ne cherche absolument pas le bonheur au sens où nous l'entendons, c'est-à-dire que la question "suis -je heureux"; il ne se la pose jamais, Ô grand jamais, tenant cette notion du bonheur rousseauisste pour quantité négligeable, pour ne pas dire en grand mépris. Une notion trop liée à la satisfaction des désirs de nature technologique (les trains, la mécanisation à l'américaine.)..etc....Il ne fera qu'une seule concession : son propre portrait par le grand Nadar, afin que son regard subsiste à travers les siècles. Le progrès, avoue t-il, n'est fait que pour se révolter, le progrès civilisateur, c'est l'antithèse de la révolte, donc mauvaise perspective pour l'homme, aucun lyrisme dans la machine !

La cosmogonie de Baudelaire se passe des instruments de son temps. Son système explicatif de l'univers est basé sur les sujets, femme, douleur, déchéance, le Temps, la mort, l'ivresse et l'ennui perpétuel (le fameux spleen)....
Baudelaire ne voit que les plaies de l'existence, les siennes, celles des autres surajoutées aux blessures de l'enfant maudit. Baudelaire est un bibliothécaire des âmes, un parangon de la souffrance, et les Fleurs du mal seront pour l'éternité l'inventaire de la douleur, divinisant ainsi la parole poétique.

Son art poétique procède de la confrontation entre la pratique philosophique et l'attirance pour la tragédie parce que la vie en elle-même, et à plus forte raison la vie "en-soi" est une tragédie, par nature une punition dans laquelle l'homme pensant est condamné au titre de témoin à contempler autour de lui, dès sa naissance la déchéance promise. Entre la naissance et la mort, Baudelaire restera captif de ses magnifiques passions dévorantes.......

A suivre, sur les thèmes du Temps (Moesta et Errabunda, L'Ennemi, L'Horloge)  et de la hantise de la déchéance...(Une charogne, Remords posthumes, Le mort joyeux, le Voyage à Cythère).

                      
                                  Moesta et Errabunda

Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l'immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité?
Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il Agathe?

La mer, la vaste mer, console nos labeurs
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs,
De cette fonction sublime de berceuse?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs!
 

 

Emporte-moi, wagon! enlève-moi, frégate!
Loin! loin! ici la boue est faite de nos pleurs!
-Est-il vrai que parfois le triste coeur d'Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs.
Emporte-moi wagon, wagon, enlève-moi frégate?

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie,
Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé,
Où dans la volupté pure le coeur se noie!
Comme vous êtes loin, paradis parfumé!
 

 

Mais le vert paradis des amours enfantines,
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets
-Mais le vert paradis des amours enfantines,
 

 

L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine?
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l'animer encor d'une voix argentine,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs?

                           Charles BAUDELAIRE 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La question du génie est posée par l'état de mélancolie.

Depuis Aristote et son fameux ouvrage : "L'homme de génie et la mélancolie", affirmant, non sans évidence, que la poésie est plus philosophique que l'histoire, et que l'essence de la poésie est de bien métaphoriser, et que, bien métaphoriser, c'est contempler le semblable, dévoiler les rapports, enfin, révéler l'être.  Alfred Dürer pris le relais en concevant "Mélancholia", puis Arthur Shopenhauer, "Du génie", et Goethe, y trouvant la plus belle partie de son existence, puis Diderot lui-même, en un fameux article au sein de l'Encyclopédie, jusqu'à Nietzsche consacrant au sujet de monumentaux et édifiants chapitres.

....
Point de génie sans mélancolie ; la mélancolie, dans l'histoire de la pensée, première marche d'accès vers le génie est désignée sous le terme "taedium" au 1er siècle, puis "acedia" aux alentours du III° siècle, "mélancholia" par Dürer et enfin "spleen" par Charles Baudelaire; la mélancolie est une peste intérieure, un obstacle inventé pour être vaincu..
..elle est à la fois terrestre, humaine -trop humaine- voire céleste, pour le poète ,elle est la tour du silence. Elle est à la fois le commencement du passé, le présent douloureux devant accoucher et triompher du vide et le retour à toute chose créative vers son point de départ;  Pour le créateur, elle est un état de réussite, pour le psychiatre égaré en religion freudienne, elle est purement la manifestation d'une névrose d'échec social !


Tous les poètes sont peut-être névrosés, je ne dis pas le contraire, mais tous les névrosés sont loin d'être poètes...Alors, heureux le névrosé qui n'est rien de plus qu'un poète, apte à réaliser dans son âge mûr ses rêves d'adolescent tourmenté. Freudisme et création poétique ne peuvent en aucun cas faire bon ménage, le freudisme, cette fausse joie n'est au fond qu'une simple croyance tandis que la création poétique, nuance, se contente d'être un simple savoir parce que l'imagination lui donne tout son mérite.

La mélancolie est la clé du génie, le reste va de soi.

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L'homme poète est par essence un être sous tension permanente qui parfois entre en contact avec l'existence, ne serait-ce qu'avec sa propre existence, et de cette expérience paradoxale naît inévitablement une oeuvre surgie des profondeurs et du recueillement.

Les souvenirs merveilleux, les colorations magiques, les déformations oniriques font écho à la distance intérieure de l'homme dont l'esprit poétique n'est pas encore déployé, puis en procession viendront pétrifier le cours du temps perdu afin de constituer le départ inéluctable, et surréaliste de la grande aventure vers l'écriture.

Ainsi la vie, fascinée par ces matériaux de l'espace mental finit parfois par repousser les limites de la lucidité afin de libérer la tension et le désir poétique de l'homme.
On entre en poésie comme en entre au couvent de La Trappe....
 

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Parmi les signes les plus caractéristiques mis en abyme ;

.Le décor urbain artificiel dominant, une sorte d'enfer urbain opposé au paradis sexuel supposé, la nature mal disposée à son égard.....les voluptés et les ivresses attendues...les douleurs.....

. Les personnages issus de la mythologie et du réel ; La mère idéalisée (géante), l'amante/maîtresse, le mort-vivant.
Symboles transcendants favoris utilisés couramment, fidèle à sa philosophie poétique de l'art pour l'art.

. L'enfer représentant la société de l'époque, le paradis pour l'espace érotique, la mort pour la surdité et la banalisation de l'esprit de ses contemporains, le mort pour le messager du verbe, les monstres pour les passions dévorantes (sexe, alcool, drogues)....

Décors et personnages de son oeuvre propres à être transfigurés par Charles le claustré, dandy malchanceux,considéré comme parasite et subversif......parce que son pouvoir émotionnel esthétique, dû en grande part grâce à son éducation soignée, prélève au passage toutes les bonnes idées originales que les moralistes des années 184O/1860 tiennent soigneusement sous clé. Sans superlatifs aucun, il donne à son discours de la clarté dans cet univers de moralisme obscur et petit-bourgeois prudhommien Sa machine à rêves ne marche pas au rythme imposé par les Institutions, l'Eglise, l'Armée, l'Université, la Famille...
..Dans l'absurde, pas de poésie, uniquement de la terreur, les caprices ne sont pas tolérés, sauf si l'on s'en évade.....Baudelaire ne demande rien, pas plus de larmes au peuple qu'il ne demande de sujets de satisfaction aux Institutions.

Les Institutions, ces démons, règnent pour vaincre sur le public, eh bien lui aussi,justement,compose son oeuvre pour vaincre ses démons.

La passion d'écrire s'est faite homme.
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L'art de tout quitter pour bâtir son style, architecture de sa pensée. Quitter la famille, la carrière, la fortune familiale, les honneurs, et, comble du paradoxe, dés l'âge de vingt ans,se quitter soi-même, en métamorphose accélérée, jamais Ô grand jamais le génius Cupidon,ne sera au rendez-vous, et seul l'inavouable luciférien tiendra ses promesses sordides.

Le corps n'est pas là, alors,il s'endort et s'enfonce dans son rêve, implorant "daïmon" et son cortège de fantasmes tandis que seules les sylphes vérolées répondent à l'appel des sens. Les sylphes de la rue Saint-Denis n'ont que faire d'un misérable mendiant et poète mourant de faim...il le paiera de sa vie.

L'homme est démonique, il écrit, sa jouissance est écriture, la chair est affreuse, sa seule possession n'est que fournaise créative "Quisque suor patimur Manes" ; chacun subit ses Manes dit Virgile, lu dans le texte.Il est le criant messager du verbe inaccompli....Seule, derrière son épaule, la voix du maître Théophile Gautier, guide supérieur de l'esprit, donne encore ce qu'il supplie de recevoir du fond de son galetas.

Les dieux de la cité au mépris très arrogant ne répondront plus jamais."Tu ne seras désormais plus Charles" ...

Et il devint invisible aux yeux du monde.

La suite de l'Etude consacrée à Charles Baudelaire voir article complémentaire, sur une autre page.
 

 

 

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 



MITHRA SOL INVICTUS

 09/12/2016
MITHRA !

Tout ce qu'on peut affirmer est que certains mithriastes de l'époque romaine se réclamaient de Zoroastre (cher à Nietzsche - "Ainsi parlait Zarathoustra" en livre de poche)... et des mages comme saints fondateurs de leurs liturgies mystériques;


L'organisation de mystères et l'élaboration d'une doctrine ne furent pas non plus l'oeuvre d'un jour... Voir quelques monuments épigraphiques et figurés du 2° siècle après notre ère, notamment au Musée d'Aquitaine à Bordeaux.

MITHRA patronne une société d'hommes et plus précisément de "soldats"  honorant par des sacrifices la grande idée tauroctonique... Il est le chef d'une sainte milice -dux sanctae militiae-...

Le sens originel du nom même de Mithra en sanscrit védique signifie "ami" (mitra)  dans le genre masculin, "alliance" dans le genre neutre. Par extension mithra serait la personnification du contrat, un processus suivant lequel un nom neutre d'abstraction ou d'apparence abstraite devient un nom de divinité. Bien entendu, les attributions et représentations du Mitra védique (comme du Mitra iranien) dépassent la notion de contrat, du moins au sens moderne et juridique du terme.

Divinité solaire, dieu de la lumière et fautor impérii sui "protecteur du pouvoir impérial"..... Mais enfin il ne sufit pas d'être héliolâtre pour adhérer au culte de Mithra !!!

La stèle ci-dessous est celle de Bologne.



Le génie dialectique

 28/11/2016

Conférence disponible sur demande : "Le génie dialectique" chez Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord . Une étude analytique  sous l'angle du langage (hors compilation historique).....préfacée par Guy Penaud, Historien, commentaires de Tristan Ghy, dessin de couverture signé José Corréa...direction artistique de la Collection : Jacques Teulet
 

Pour mieux comprendre désormais le caractère du sphynx !

Conférence qui sera suivie d'un Essai plus complet à paraître courant 2016.....

 

 

Seconde conférence disponible :

L'organisation interne des Confréries religieuses au X, XI et XII° Siècles, avec l'exemple de la construction de l'abbaye et de l'église de Saint-Avit-Senieur en Périgord....

 
Troisième conférence disponible sur demande :  "Sous le regard de Charles BAUDELAIRE. 




Les apprentis à l'honneur.......

Retour sur événement : Le prix biennal VESUNA du 11 Juin 2016 en mairie de Périgueux a distingué Stéphanie Mongibeaux  mais aussi deux apprentis particulièrement méritants, chacun dans leur domaine, l'une : Marine Martinet pour son chef-d'oeuvre en classe d'optique et l'autre : Wilfried Bachmair pour ses travaux de métallerie-ferronnerie d'art, tous deux brillants élèves, désormais en Lycée techniques, promis à un bel avenir. 
Cliché : de gauche à droite, Monsieur Christian Chevillot, fondateur de l'A.D.R.A.H.P. Melle Stéphanie Mongibeaux reçoit le Prix VESUNA 2016, Marine Martinet, Prix du meilleur apprenti VESUNA, JJ Dallemand, fondateur du Prix VESUNA et doyen de l'Académie des Sciences, des Beaux-Arts et des Belles-Lettres du Périgord-Limousin, Mr le Maire de Périgueux Antoine Audi, Wilfried, meilleur apprenti de France (métallerie-ferronnerie) et Mr Philippe Bachmair, professeur au CFA du bâtiment de la Dordogne.



En résumé :  Importer le parisianisme du type Salon "gourmand" en Périgord, c'est très gentil, mais on peut se demander quelle est au juste la place accordée à la création locale, tant au niveau de la création qu'au plan de l'impact mettant en valeur nos artisans et leurs apprentis. Soulignons que parmi les objectifs du Prix VESUNA du patrimoine et de l'Académie, les créateurs authentiques ont toute leur place, quelle que soit leur spécialité de création.
Faites-nous connaître vos productions et notre Journal vous consacrera l'espace nécessaire afin de mettre en relief l'ensemble de vos réalisations.

"marines poésies VESUNA" est diffusé en France, auprès des producteurs maraîchers ainsi que dans d'autres pays d'europe, notamment l'Angleterre et l'Italie, sachant apprécier nos particularités culinaires. 



La cuisine des anges

 24/11/2016
La cuisine des anges -  Fable policière en trois volets -

I.-   La cuisine des anges
II.-  Meurtre à Francheville
III.- Le procès 
I.-                         La cuisine des anges
                          (Mauvaise recette du tourain)
 

 

Ne dites surtout pas qu'ils s'étaient rencontrés par hasard un soir d'orage sur les berges de la rivière Dordogne. D'ailleurs, Il fut prétendu, et avéré plus tard qu'ils n'étaient donc pas faits pour s'entendre. Lui ne voulait parler que de sa propre mère. Elle ne voulait parler que de son père. Le prétendant aux désirs subits était issu de la culture entrecôte et haricots de gironde, elle, étant plutôt tourain du Périgord. Dès leur première conversation qui eut lieu en juillet 1945 Ils n'étaient donc pas faits pour s'entendre et ils ne s'entendirent pour ainsi dire jamais jusqu'à ce 13 janvier 196O, date à laquelle fut prononcé l'acte de divorce définitif.

 

Tous deux , selon leur expérience durant la guerre , excellents cuisiniers . Cinq années durant, elle s'était spécialisée dans l'art difficile de la cuisson de topinambours et de rutabagas tandis que lui, en captivité devint un expert en dégustation mensuelle de sardines made in Croix-Rouge. A force, à force, leur première idée mise en commun aurait pu aboutir à la confection d'un tourain à l'ail, mais à l'arrivée, ce fut une brouillade sans oeufs et bien entendu sans aucune trace de truffe. Tant sur le plan culinaire que sur le plan conjugal, il leur fallut tout de même quatorze années pour ne rien réussir .....

Bien que le futur père de famille soit atteint de sinusite aigüe le faisant renifler soixante fois par minute, c'est tout de même avec le nez, chaque soir, soulevant le couvercle de la soupière qu'il testait le potage, et, selon la saison, approuvait le choix légumier parce qu'il y avait le rhume d'été et le coryza de l'hiver correcteurs de goût malgré eux.

D'après le témoignage de la belle-soeur Rita, tout à fait digne de foi, parce que de souche auvergnate, il ne se fiait qu'aux filets de vapeur, les siens, en résumant ce qui statistiquement parlant constitue un élément fort méritoire, justifiant que l'on s'y attarde, non pas au titre d'anomalie du genre tic de comportement ou tout autre motif réputé de nature burlesque,  pas plus d'ailleurs qu'il ne faudrait -dit l'Insee- s'y pencher pour raison climatique.  D'après les annales girondines , le sujet des T.O.C. climatiques a fait l'objet d'un traité signé par madame de Saint-Ange, propriétaire d'un domaine situé entre Cérons et Sauternes, ce qui lui valut de se voir attribué le Prix Femina sans aucune contestation, assorti d'un excellent article du Figaro-madame. Le fond de la thèse, audacieuse s'il en est, démontre scientifiquement, à l'aide de shémas dessinés,  la nécéssité de mouiller une muqueuse sèche. C'est le fameux concept de l'humide radical. A muqueuse sèche, arrosage immédiat, quel que soit le liquide oenolique. N'importe quelle artiste du pays de Cérons, de Cadillac et autres lieux ne put égaler le génie spontané reliant à la science madame de Saint-Ange et ses visions nocturnes. Non seulement guidée par l'esprit scientifique mais également douée pour la peinture, n'utilisant comme produits que le Sauternes millésimé propre à sauvegarder sa création, offrant son oeuvre unique, copie parfaite de "la cuisine des anges" à la tante Marie-Louise qui à son tour, en bonne chrétienne, en fit une reproduction photographique, et c'est ainsi que Murillo orna les murs du salon conjugal de Jeanne et Jean....Faute de place, mais grâce au bon goût inné périgourdin de Jeanne, seul Murillo survécut à la mode Bordelaise Saint-Sulpicienne, tandis que d'autres chapelets de motifs à extases d'apôtres en lévitation n'eurent pas le loisir de dépasser l'enceinte des toilettes, au fond du couloir, sans doute par l'intercession de Léon Bloy, en mystérieuse correspondance d'avec Jeanne. Un Murillo, ça va, deux imitations le cas échéant par de mauvais élèves......c'est moins bien....

Madame de Saint-Ange, née Martine Poirot vit le jour sur la commune de Pineuilh, enclave Girondine insolente en terre Périgordine. Excellente danseuse de cabaret aux Folies-Bergères jusqu'à sa majorité, devenue modèle dans l'Atelier de Bernard Buffet par ailleurs incapable de la faire maigrir autrement que sur le chevalet, elle épousa le Baron Kahn-Meyer, grand propriétaire de vignobles, familier de la cellulose, et par extension grand amateur de cellulite, Château Saint-Ange en Sauternais,  puis, de sauterie en Sauternes, ajoutant six cents hectares de pins en lande girondine, éclot enfin sous forme de baronne de Saint-Ange. A la sueur de son front, et ce n'est que justice, elle obtint (à la force du poignet) son casuel de jouissance non feinte, puis son banc à la basilique Saint-Seurin par la même occasion. L'abbé Marc Deraison fut le parrain de son premier-né.

Sauf à exagérer négativement, l'exagération en Aquitaine étant positive par nature puisque le jus de raisin n'est pas considéré comme étant de l'alcool, bel exemple d'exagération positive, rien de plus sain en ces années 5O que le climat régnant sur la ville de Bordeaux ; une pluie saine et abondante venue de l'Atlantique, plus précisément des Antilles si l'on veut être juste et impartial, une fameuse pluie d'automne répercutant en un chant mélodieux son fameux toccata tout au long du Pont de Pierre, éclaboussant mille grues américaines, tapotant comme sous la baguette de Roberto Benzi les pavés toujours assoiffés de la rue Sainte-Catherine. Après cinq années d'orages Brandebourgeois, les pluies cyclonesques exotiques firent du bien au commerce local des parapluies et des imperméables couleur mastic.
 Mille couches d'abadaux, malgré tout honteux d'être nés tropicaux, se convertissaient dès le sol touché aux Quinconces, en airs d'opérette, parce que Bordeaux, première ville d'art après Lyon , exigeait que son Grand-Théâtre fut, comme Versailles, chaque semaine lavé à grandes eaux martiniquaises, la meilleure eau qui soit parce que légèrement aromatisée par le rhum agricole. Ainsi, ne faut-il pas à ce sujet rétablir quelques vérités puisque ce rhum, injustement fort décrié par les alcooliques invétérés, créolisés à outrance, ne serait, paraît-il qu' à peine capable de nettoyer un Grand-Théâtre Lyonnais, or, toujours selon la tante Rita, belle-soeur du futur père de famille, la cause essentielle du reniflement viendrait plutôt de la région volcanique de l'Auvergne, laissant par-là supposer que son beau-frère portait d'emblée , on ne sait pourquoi, une immense allergie aux bovins de Salers en particulier, sans aucun lien établi entre la région de Salers et le caractère de sa belle-mère.. Hélas, l'accordéon ne soigne pas la sinusite bordelaise, que l'on soit ou non en période d'estive ou simplement braves gens de l'Aubrac....

Rita aux affirmations spontanées, non réfléchies, Rita aux évidences rustiques non cautionnées par la Faculté, Rita insistante déplut au futur père. Pas plus que les pluies acides tropicales, il n'approuva l'option auvergnate, suivant ainsi son idée, une idée en apparence saugrenue mais, d'après sa propre soeur, institutrice en Ecole confessionnelle, Ecole Sainte-Marie de Cérons, non dénuée de vérité liturgique vers laquelle Theilhard de Chardin lui-même pourrait fort bien se pencher lorsque son emploi du temps le lui permettrait, et si, toutefois François Mauriac , depuis sa retraite de Malagar, n'y voyait pas d'inconvénient majeur mettant en péril sa nomination au Nobel 1952.

La soeur du futur père, Marie-Louise, fort judicieusement, démontra, burettes à l'appui, qu'il n'existait qu'un seul antidote capable de venir à bout d'un coryza chronique des quatre saisons , et cet antidote porte encore de nos jours plus qu'un nom, il porte à sa seule évocation l'impérieuse nécessité de faire silence, et lorsque en Gironde , au sortir de la messe de onze heures, une assemblée dominicale s'apprête à dénouer la blanche et traditionnelle serviette de table, religieusement, chaque dévôt en son for intérieur épèle les trois syllabes magiques : SAU-TER-NES ! En ce pays de Gironde, un enfant non baptisé à l'impérial Sauternes ne peut être Girondin, il n'est qu'un païen, un inculte, un rien du tout, une sorte de suppôt de Satan qui ne connaîtra de la sainte vigne que les sarments de trois ans destinés à l'entrecôte, et encore, dieu merci Sainte-Vierge, merci Saint- Joseph, merci doux Jésus, bien content si cet enfant indigne plus tard saura distinguer un sarment de trois ans d'avec la baguette magique de sa panoplie de Zorro. Dans ce cas d'espèce, il conviendrait de recommander -avant l'excommunication- un pélerinage de Pâques à Verdelais, en aube blanche et sans costume de Zorro, si possible, sachant que la prononciation méridionale trop appuyée " verre de lait" en pays Sauternais pourrait susciter quelques mauvaises passions si d'aventure certains se risquaient à l'essai d'accent parodique.

Entrer en religion sauternique dès le plus jeune âge est une chose, mais y rester chaque heure de chaque jour est un exercice auquel le futur père se livrait sans retenue, affichant une assiduité quasiment monastique, ayant bien conscience que le fait de briser un cendrier par pur caprice gratuit n'était en rien comparable au jet d'une soupière de haricots à la couenne contre la cloison de la salle à manger, sitôt débouchée la seconde bouteille, inondant au passage les ailes des deux anges du Murillo qui n'avaient rien demandé. Ô Murillo de Séville ! (cadeau de Marie-Louise) témoin de sévices infligés à tes admirateurs....Ô Murillo ! l'essor de ta picturale spiritualité ne méritait en rien de tels jets colériques aussi vils.

"Bon, voilà, en face , les Allemands sont derrière ce mur : moi, ici, je dégoupille, je compte jusqu'à trois, hop je lance. Je ne garde pas entre les cuisses l'engin plus de trois secondes, sinon, amputation. Compris ? Trois fois évadé à la grenade, deux fois repris, et me voici.....
La future mère sanglotant : "Mon Dieu, que je suis malheureuse, que je suis malheureuse"...... je vais te repasser une chemise blanche, calme-toi jean, calme-toi, tes amis Laugénie vont sonner.....calme-toi, les voici, on sonne...
- Ferme cette porte, tais-toi, je vais ouvrir, pas un mot.....
Epoux au statuaire brisé, en ce dimanche après-midi, que vous fûtes loin des serments de l'été 46, loin du tourain porté aux jeunes mariés en leur nuit de noces..... En cette année 1957, il ne restait que la soupière éclatée, rescapée de la liste de mariage, morne débris d'une jonchée de fleurs menant au donjon du château des buis, ce n'était plus qu'une soupière de Limoges en huit morceaux ;  (un cadeau de Rita), gisant sur le plancher...et dès lors l'ail du tourain devint amertume, la perspective d'une dégustation voluptueuse partagée en famille cessa d'exister, l'horizon des promesses euphoriques d'après-guerre s'éloignant, visiblement, la bonne cuisine des anges n'aurait pas lieu. Il manquait à cette union une mince part de vertu indispensable, sans laquelle aucune volupté n'est possible. La vertu étant parfois un mal nécessaire.
                                                          §§§

- Ma bonne Jeanne,
- Ma bonne Marie-Louise......
- Etes-vous certaine que vos deux petits anges vont apprécier l'ail du tourain ?
- Trois.
- Je vous demande pardon ?
- Trois petits anges !
- Mon Dieu ! où avais-je la tête, mais bien entendu, le temps passe si vite....
- C'est nous qui passons, mais qu'importe. Oui. Je suis persuadée que le tourain périgourdin ne leur fera que du bien. D'autant que de nos jours, nous ne le conservons plus guère sous l'édredon....
- Certes, certes.....mais tous ces oignons...
- Deux gros oignons seulement.
- Et ces aulx...
- Quatre gousses d'ail, et une cuillérée de farine, sur la recommandation expresse de madame de Saint-Ange, votre voisine au château de Cérons.....soit-dit en passant.....
- Une dame de qualité, soit dit en passant.
- Une demi-cuillerée de vinaigre par semaine ne leur fera pas de mal, bien au contraire.
- Et donc, une pincée de sel ?
- Tout de même aucun piment de Cayenne ?!
- Inconnu en Périgord, ma bonne Marie-Louise !
- Merci doux Jésus. merci. Et quand au pain rassis ?
- Aucune inquiétude pour le pain rassis. Nous en mangeons depuis dix ans. Votre cher frère est un garçon économe.
- Il a beaucoup souffert......Je me demande s'il supportera les deux jaunes d'oeufs....
- Je lui verserai les blancs dans la marmite, n'ayez crainte.... Quand à fouetter.....ce ne sera pas une surprise...
- Dans ce cas, j'émincerai l'ail et l'oignon, nous fouetterons ensemble.
- Nous les ferons suer à la graisse d'oie.
- Bel anniversaire de mariage, ma bonne Jeanne. Ce tourain trempera vingt-quatre heures, par respect pour la tradition en Périgord, je vous l'accorde. Ah, au fait, ne vous mettez pas en frais pour le Pécharmant, je ne bois pas, vous le savez, sauf en messe quotidienne, cas de force majeure.
- Vous êtes bien la seule dans la famille.
- Fort bien, ma bonne Jeanne. persiflons, persiflons, fort bien. Je prierai pour vous.


                                           §§§
                                      EPILOGUE

Les anges noirs.....
Jean, l'époux coléreux, maugréant, tout entier dévoué à ses libations parlait à sa mère absente :
- Mes fléchettes..maman....où sont mes fléchettes..maman....mon tir aux pigeons, sors mes jouets du grenier, je t'en prie.....
- Mon pauvre ange ! soupira l'absente. Mon pauvre ange noir ! Tu n'as donc pas d'amis !
- Oh oui maman ! bonne idée, envoie-moi un ami, buvons à l'amitié. Il me semble bien vieux ton messager, qui est-ce au juste maman ? je distingue mal....
- Pose ton verre un instant, écoute le monsieur...Tu verras..il sait nourrir les pigeons....
Il apparut, lumineux, dans l'encadrement de la porte du salon et déclara :

"Tu as fait appel à moi, et me voici", et ce fut tout.

"Ah ! le coup du père François ! François d'assises ?! pas mal François et ses oiseaux ! Non ?! François Mitterand peut-être ?! pas davantage ......François, François.....qui étiez-vous ? François Mauriac sans doute ? Ah j'y suis, maman ! Maman, Mauriac et ses anges noirs !
- Repens-toi mon fils. C'est l'heure du repentir. Je te l'avais bien dit, si la littérature, le partage du pain à l'ail et la vertu de nos pères ne t'ont pas sauvé, alors nul homme sur terre, pas même l'ombre de Mauriac ne pourra rien pour toi.

Alors, Jean fit un noeud coulant de sa cravate, et il tira d'un coup sec.
 


copyright Jean-jacques Dallemand 12 Juillet 2016
Corrigé le 24 Novembre 2016
(Illustration : Murillo) 

 




Edition 2016 :  Un prix décerné à Stephanie Mongibeaux, en hommage à ses travaux sur les sites gaulois d'Ecorneboeuf.....collines entourant la ville de Périgueux.


La conférence signée JJ Dallemand pour les 3O ans de l'A.D.RA.H.P. disponible dans le Bulletin édité par Christian Chevillot.....



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