l était une fois un pauvre pêcheur qui s'appelait Pierre Cavalin. Il demeurait en haut d'une falaise surplombant la mer. Ce soir-là, il faisait mauvais temps. Pierre, assis au coin de la cheminée, mangeait une bonne soupe au lard avec quelques tartines de pain beurré. Tout à coup on frappa. Pierre alla ouvrir la porte. Une vieille femme, toute ruisselante, vêtue de guenilles entra. Le pauvre pêcheur l'invita à s'approcher du feu et à partager sa nourriture. La pauvresse but sa soupe avec appétit. Alors, elle lui dit qu'elle était la reine des korrigans. Pour le récompenser de sa bonté, elle l'invita dans son palais au pied de la falaise. Elle lui dit d'apporter trois sacs. A minuit pile, Pierre entrait dans la grotte des Korrigans. Dans une grande salle toute illuminée dansaient des centaines de Korrigans habillés de rouge. Le pêcheur fut entrainé par les lutins dans une ronde interminable. Pierre aperçut des coffres emplis d'or. La reine lui dit qu'il pouvait en prendre autant qu'il voulait à condition de partir avant le chant du coq. Il mangea, dansa toute la nuit. Quand le soleil commença à se lever, il se précipita pour remplir ses sacs d'or. Soudain, le chant du coq retentit. Pierre courut vers la sortie. Il avait trop attendu : Lorsqu'il arriva chez lui, il ouvrit ses sacs et constata que son trésor s'était transformé en cendres. Pierre était désolé. A la tombée de la nuit, la reine des Korrigans revint le voir. Elle eut pitié de lui. Elle lui offrit un plat magique, en terre, qui se remplirait de nourriture à chaque fois qu'on le désirerait. Pierre Cavalin conserva le plat en terre toute sa vie durant et ainsi, il n'eut plus jamais faim.
Par sevecocokett le 02/09/2017 à 14:03
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Il y avait une fois un pauvre homme de qui la femme venait d’accoucher et de lui donner un fils. Il voulait que son enfant eût pour parrain un homme juste, et il se mit en route pour le chercher. Comme il cheminait, son bâton à la main, il rencontra d’abord un inconnu, qui avait la mine d’un fort honnête homme, et qui lui demanda : — Où allez-vous ainsi, mon brave homme ? — Chercher un parrain à mon fils nouveau-né. — Eh bien ! voulez-vous de moi ? Je suis à votre disposition, si cela vous plaît. — Oui, mais... je veux un homme juste. — Eh bien ! vous ne pouviez mieux tomber ; je suis votre homme. — Qui donc êtes-vous ? — Je suis le bon Dieu. — Vous juste, Seigneur Dieu !... Non ! non ! Partout, j’entends qu’on se plaint de vous, sur la terre. — Pourquoi donc, s’il vous plaît ? — Pourquoi ? Et le bonhomme poursuivit sa route en grommelant. Un peu plus loin, il rencontra un grand vieillard à longue barbe blanche. — Où allez-vous ainsi, mon brave homme ? lui demanda le vieillard. — Chercher un parrain pour mon fils nouveau-né. — Je veux bien lui servir de parrain, si vous voulez ; cela vous va-t-il ? — Oui, mais il faut vous dire avant que je veux que le parrain de mon fils soit un homme juste. — Un homme juste ? Eh bien ! je le suis, je pense. — Qui donc êtes-vous ? — Saint Pierre. — Le portier du paradis, celui qui tient les clefs ? — Oui, celui-là même. — Eh bien ! alors... vous n’êtes pas juste non plus, vous. — Je ne suis pas juste, moi ! reprit saint Pierre avec un peu d’humeur ; et pourquoi donc, s’il vous plaît, bonhomme ? — Pourquoi ? Ah ! je vous le dirai bien : parce que, pour des peccadilles de rien du tout, pour des misères, vous refusez, m’a-t-on dit, votre porte à de très-honnêtes gens, des hommes de peine, comme moi. Et pourquoi ? Parce que, après avoir travaillé dur toute la semaine, ils boivent peut-être une chopine de cidre de trop le dimanche... et puis, faut-il vous dire encore ? Vous êtes le prince des apôtres, le chef de l’Église, n’est-ce pas ? Saint Pierre hocha la tête, en signe d’assentiment. — Eh bien ! dans votre église, c’est comme partout ailleurs ; on n’y a rien que pour de l’argent, et le riche y passe encore avant le pauvre... Non, vous ne serez pas aussi, vous, le parrain de mon fils ; adieu !… Et il poursuivit sa route, toujours grommelant. Il rencontra alors un personnage qui n’avait guère bonne mine, celui-là, et qui portait une grande faux sur son épaule, comme un faucheur qui va à son travail. — Où allez-vous ainsi, mon brave homme ? lui demanda aussi celui-ci. — Chercher un parrain à mon fils nouveau-né. — Voulez-vous de moi pour parrain ? — Il faut vous dire, avant, que je veux un homme juste. — Un homme juste ! Vous n’en trouverez jamais de plus juste que moi. — Ils me disent tous cela ; mais qui donc êtes-vous ? — Je suis le Trépas*. — Ah ! oui ; alors, vous êtes vraiment juste, vous ; vous n’avez de préférence pour personne, et vous faites bravement votre besogne. Riche et pauvre, noble et vilain, roi et sujet, jeunes et vieux, faibles et forts.... vous les frappez tous, quand leur heure est venue, sans vous laisser attendrir ni fléchir par les larmes, les menaces, les prières ou l’or. Oui, vous êtes véritablement le juste, et vous serez le parrain de mon fils. Venez avec moi. Et l’homme s’en retourna à sa chaumière, emmenant avec lui le parrain qu’il voulait donner à son fils. Le Trépas tint l’enfant sur les fonts baptismaux, et il y eut ensuite, dans la chaumière du pauvre homme, un petit repas où l’on but du cidre et mangea du pain blanc, par extraordinaire. Avant de s’en aller, le parrain dit à son compère : — Vous êtes de fort braves gens, votre femme et vous ; mais vous êtes bien pauvres ! Comme vous m’avez choisi pour être le parrain de votre fils, je veux vous en témoigner ma reconnaissance en vous révélant un secret qui vous fera gagner beaucoup d’argent. Vous, compère, vous allez vous faire médecin, à présent, et voici comment vous devrez vous comporter : quand vous serez appelé auprès d’un malade, si vous m’apercevez au chevet du lit, vous pourrez affirmer que vous le sauverez, et lui donner comme remède n’importe quoi, de l’eau claire, si vous voulez ; il en réchappera toujours. Si, au contraire, vous me voyez avec ma faux au pied du lit, il n’y aura rien à faire, et le malade mourra sûrement, quoi que vous puissiez faire pour essayer de le sauver. Voilà donc notre homme improvisé médecin, mettant en pratique le système de son compère le Trépas, et prédisant, toujours à coup sûr, quand ses malades devaient guérir ou mourir. Comme il ne se trompait jamais et que, d’ailleurs, les remèdes ne lui coûtaient pas cher, puisqu’il ne donnait que de l’eau claire à ses clients, quelle que fût la maladie, il était fort recherché et devint riche en peu de temps. Cependant, le Trépas, quand il avait occasion de passer par là, entrait de temps en temps pour voir son filleul et causer avec son compère. L’enfant grandissait et venait à merveille, et le médecin, au contraire, vieillissait et s’affaiblissait chaque jour. Un jour le Trépas lui dit : — Je viens toujours te voir, quand je passe par ici, et toi tu n’es encore jamais venu chez moi ; il faut que tu viennes aussi me rendre visite, pour que je te régale à mon tour et te fasse voir ma demeure. — Je n’irai que trop tôt, répondit le médecin, car je sais qu’une fois qu’on est chez vous, compère, on n’en revient pas comme on veut. — Sois tranquille là-dessus, car je ne te retiendrai pas avant que ton heure soit venue ; tu sais que je suis l’homme juste par excellence. Le médecin partit donc, une nuit, pour faire visite à son compère. Ils allèrent longtemps de compagnie, par monts et par vaux, traversant des plaines arides, des forêts, des fleuves, des rivières et des régions tout à fait inconnues au médecin. Enfin, le Trépas s’arrêta devant un vieux château entouré de hautes murailles, au milieu d’une sombre forêt, et dit à son compagnon : " C’est ici. " Ils entrèrent. Le maître du sombre manoir régala d’abord magnifiquement son hôte, puis, au sortir de table, il le conduisit dans une immense salle où brûlaient des millions de cierges de toutes les dimensions, longs, moyens, courts, et dont les lumières étaient plus ou moins nourries, et jetaient plus ou moins de clarté. Notre homme resta d’abord tout étonné, ébloui et muet devant ce spectacle. Puis, quand il put parler : — Que signifient toutes ces lumières, compère ? demanda-t-il. — Ce sont les lumières de la vie, compère. — Les lumières de la vie ? Qu’est-ce à dire ? — Chaque créature humaine qui vit présentement sur la terre a là son cierge, auquel est attachée sa vie. — Mais il y en a de longs, de moyens, de courts, de brillants, de ternes, de mourants.... Pourquoi ? — Oui, c’est comme les vies des hommes : les unes commencent ; d’autres sont dans leur force et tout leur éclat ; d’autres sont faibles et vacillantes ; d’autres enfin sont près de s’éteindre… — Comme en voilà un (un cierge) qui est long et haut ! — C’est celui d’un enfant qui vient de naître. — Et cet autre, que sa lumière est brillante et belle ! — C’est celui d’un homme dans toute la force de l’âge. — En voilà un qui va s’éteindre, à défaut d’aliment. — C’est un vieillard qui se meurt. — Et le mien, où est-il aussi ? Je voudrais bien le voir. — Le voilà près de vous. — Celui-là ?… Ah ! mon Dieu, il est presque entièrement consumé ! Il va s’éteindre !… — Oui, vous n’avez plus que trois jours à vivre ! — Que dites-vous là ? Quoi, trois jours seulement !… Mais puisque je suis votre ami et que vous êtes le maître ici, ne pourriez-vous me durer mon cierge quelque temps encore… par exemple, en prenant un peu à celui d’à côté, qui est si long, pour l’ajouter au mien ?… — Celui d’à côté, qui est si long, est celui de votre fils, et si j’agissais comme vous me le conseillez, je ne serais plus le juste que vous cherchiez. — C’est vrai, répondit le médecin, en se résignant et en poussant un grand soupir... Et il revint alors chez lui, mit ordre à ses affaires, appela le curé de sa paroisse et mourut trois jours après, comme le lui avait prédit son compère la Mort.
Par sevecocokett le 02/09/2017 à 14:12
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La tradition orale de l'île d'Ouessant a conservé les récits de Marie Morgane qui fréquentaient les rivages. Deux jeunes filles de l'île d'Ouessant, cherchaient un jour des coquillages au bord de la mer, et aperçurent une Morganès qui faisait sécher ses trésors au soleil, étalés sur deux belles nappes blanches. Les deux petites curieuses arrivèrent jusqu'à elle sans être aperçues et la Morganès, surprise en voyant que les jeunes filles étaient gentilles, douces et sages, leur donna un trésor à chacune une en leur recommandant de ne le regarder que lorsqu'elles seraient rentrées chez leurs parents. L'une d'elles était trop impatiente de contempler ce qu'elle croyait être de merveilleux trésors, ouvrit sa nappe et n'y trouva que du crottin de cheval. L'autre petite fille se rendit jusqu'à sa maison et ouvrit son trésor sous les yeux de ses parents : des pierres précieuses, des perles et de l'or, avec de riches tissus. La famille devint riche et se bâtit une belle maison, selon la légende, ses descendants habitent toujours l'île d'Ouessant et vivent dans la richesse grâce au trésor de la Morganès. Une Marie Morgane est aussi censée vivre près de Vannes, dans l'étang du Duc. On peut l'apercevoir les matins d'été, quand elle sort de l'eau pour peigner ses longs cheveux d'algues au soleil, et tresser des couronnes de glaïeuls. Ce serait une princesse qui se jeta dans le lac pour échapper à un mariage forcé.
Par sevecocokett le 02/09/2017 à 14:27
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